Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/134

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d’après la proportion que nous donnent les calculs faits sur l’Église d’Antioche, nous devons croire que Rome renfermait environ cinquante mille chrétiens. On ne saurait fixer avec exactitude la population de cette immense capitale ; mais le calcul le plus modéré ne la réduira certainement pas à moins d’un million d’habitans, dont les chrétiens pouvaient former tout au plus la vingtième partie[1].

En Afrique et dans les provinces occidentales.

Les provinces occidentales paraissent avoir tiré la connaissance du christianisme de la même source qui leur avait porté le langage, les sentimens et les mœurs de Rome. Dans cette révolution bien plus importante, l’Afrique et la Gaule suivirent insensiblement l’exemple de la capitale. Cependant, malgré plusieurs occasions favorables qui pouvaient engager les missionnaires romains à visiter leurs provinces, il s’était écoulé plus d’un siècle lorsqu’ils passèrent la mer ou les Alpes[2] ; et l’on ne peut apercevoir dans ces vastes contrées aucune trace sensible de foi

  1. Cette proportion des prêtres et des pauvres au reste du peuple a été d’abord établie par Burnet (Voyages en Italie, p. 168), et approuvée par Moyle (vol. II, p. 151). Ils ne connaissaient ni l’un ni l’autre ce passage de saint Chrysostôme, par lequel leur conjecture est presque changée en fait.
  2. Seriùs trans Alpes, religione Dei susceptâ. Sulpice-Sévère, l. II. Voyez Eusèbe, V, I ; Tillemont, Mém. ecclésiast., tom. II, p. 316. Selon les donatistes, dont l’assertion est confirmée par l’aveu tacite de saint Augustin, l’Afrique fut la dernière province qui reçut l’Évangile. (Tillemont, Mém. ecclésiast., tom. I, p. 754.)