Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/136

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bien à la dévotion ; mais comme il est rarement compatible avec le zèle, on peut juger et s’affliger de l’état languissant et déplorable du christianisme dans les provinces qui avaient abandonné le celtique pour le latin, puisque, durant les trois premiers siècles, elles ne produisirent aucun écrivain ecclésiastique. De la Gaule, contrée florissante qui l’emportait par la supériorité du rang et par ses succès dans les lettres, sur tous les pays situés en-deçà des Alpes, la lumière de l’Évangile se réfléchit plus faiblement sur l’Espagne et sur la Bretagne. S’il faut en croire les assertions véhémentes de Tertullien, ces provinces avaient déjà été éclairées des premiers rayons de la foi, lorsqu’il adressa son Apologétique aux magistrats de l’empereur Sévère[1]. Mais il ne nous est resté sur l’origine des Églises occidentales de l’Europe que des monumens obscurs et imparfaits ; et, si nous voulions rapporter l’époque et les circonstances de leur fondation, pour suppléer au silence de l’antiquité, nous serions forcés d’avoir recours à ces légendes que l’avarice ou la superstition dicta

    christianorum devotione, resurgerent. Acta sincera, p. 130 ; Grégoire de Tours, l. I, c. 28 ; Mosheim, 207, 449. Il y a quelque raison de croire que, dans le commencement du quatrième siècle, les diocèses étendus de Liège, de Trèves et de Cologne, formaient un seul évêché, qui avait été fondé très-récemment. Voyez Mémoires de Tillemont, tom. VI, part. I, p. 43, 411.

  1. La date de l’Apologétique de Tertullien est fixée, dans une dissertation de Mosheim, à l’année 198.