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Il est dégradé de la dignité épiscopale. A. D. 270.

Malgré ces vices scandaleux, si Paul de Samosate eût conservé la pureté de la foi orthodoxe, son règne sur la capitale de la Syrie ne se serait terminé qu’avec sa vie[1], et s’il se fût élevé par hasard une persécution, un effort de courage l’aurait peut-être placé au rang des saints et des martyrs. Il avait eu l’imprudence d’adopter quelques erreurs subtiles et délicates concernant la doctrine de la Trinité : son opiniâtreté à les soutenir excita l’indignation et le zèle des Églises orientales[2]. De l’Égypte au Pont-Euxin, les évêques furent en armes et se donnèrent les plus grands mouvemens. On tint plusieurs conciles ; on publia des réfutations ; les excommunications ne furent pas épargnées : après des explications équivoques, tour à tour acceptées et rejetées ; après des traités violés presque aussitôt que conclus, Paul de Samosate fut enfin dégradé de son caractère épiscopal, par une sentence de

  1. Il paraît cependant que les vices et les mauvaises mœurs de Paul de Samosate entrèrent pour beaucoup dans la condamnation que les évêques prononcèrent contre lui. La lettre que le synode adressa aux évêques de Rome et d’Alexandrie, avait pour but, dit Eusèbe, de les instruire de l’altération de la foi de Paul, des réfutations et des discussions auxquelles elle avait donné lieu, ainsi que de ses mœurs et de toute sa conduite. (Eusèbe, Hist. ecclés., l. VII, c. 30.) (Note de l’Éditeur.)
  2. Son hérésie (semblable à celle de Nœtus et de Sabellius dans le même siècle) tendait à confondre la distinction mystérieuse des personnes divines. Voyez Mosheim, p. 702, etc.