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déclarer que sa conscience ne lui permettait pas d’embrasser la profession de soldat[1]. On trouverait peu de gouvernemens qui laissassent impunie l’action du centurion Marcellus. Un jour de fête publique, cet officier, après avoir jeté son baudrier, son épée et les marques de sa dignité, s’écria hautement qu’il n’obéirait qu’à Jésus-Christ, roi éternel, et qu’il renonçait pour jamais à des armes temporelles et au service d’un maître idolâtre[2]. Les soldats, dès qu’ils furent revenus de leur étonnement, s’assurèrent de la personne de Marcellus. Il fut examiné dans la ville de Tingis, par le président de cette partie de la Mauritanie ; et convaincu par

    brasser la profession de soldat. Le magistrat voulut que le père réprimandât son fils ; mais le père répondit ; « Il a ses raisons, et sait ce qu’il doit faire (habet consilium suum, quid illi expediat). » Maximilien ayant été condamné à mort, Victor s’en retourna, bénissant le ciel de ce qu’il lui avait donné un tel fils. (Note de l’Éditeur.)

  1. Voy. les Acta sincera, page 299. La relation de son martyre et de celui de Marcellus porte tous les caractères de la vérité et de l’authenticité.
  2. Marcellus fut dans le même cas que Maximilien. Les jours de fête publique les assistans sacrifiaient aux dieux : il s’y refusa, en disant : « Si tel est le sort des soldats, qu’ils soient forcés de sacrifier aux dieux et aux empereurs, je renonce au serment (vitem) et à mon baudrier ; j’abandonne mes drapeaux, et je refuse de servir. » (Act. sinc. de Ruinart ad cit. loc.) Il est évident que la nécessité de sacrifier aux faux dieux éloigna seule Marcellus de l’état militaire. (Note de l’Éditeur.)