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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/255

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voquer un conseil composé des hommes les plus distingués par le rang qu’ils occupaient dans les divers départemens, tant civils que militaires, de l’état[1]. Cette importante question fut agitée en leur présence ; et ces courtisans ambitieux s’aperçurent aisément qu’il fallait seconder, par leur éloquence, la violence importune du césar. On peut présumer qu’ils insistèrent sur tous les points capables d’intéresser l’orgueil, la piété, ou les craintes de leur maître, et de le déterminer à la destruction du christianisme. Ils lui remontrèrent peut-être qu’après avoir délivré l’empire de tous ses ennemis, il ne pouvait se vanter d’avoir terminé ce glorieux ouvrage, tant qu’il laisserait un peuple indépendant subsister et se multiplier dans le cœur des provinces. Les chrétiens (tel était l’argument spécieux dont ils pou-

  1. Cette permission ne fut point arrachée à Dioclétien ; il prit ce parti de lui-même. Lactance dit, à la vérité : Nec tamen deflectere potuit (Diocletianus) præcipitis hominis insaniam : placuit ergo amicorum sententiam experiri. (De mort. pers., c. 11.) Mais cette mesure était d’accord avec le caractère artificieux de Dioclétien, qui voulait avoir l’air de faire le bien par sa propre impulsion, et le mal par l’impulsion d’autrui. Nam erat hujus malitiæ, cum bonum quid facere decrevisset, sine consilio faciebat ut ipse laudaretur. Cùm autem, malum quoniam id reprehendendum sciebat, in consilium multos advocabat ut aliorum culpæ adscriberetur quidquid ipse deliquerat. (Lact., ib.) Eutrope dit aussi : Moratus callidè fuit, sagax præterea et admodum subtilis ingenio et qui severitatem suam alienâ invidiâ vellet explere. (Eutrop., l. IX, c. 26.) (Note de l’Éditeur.)