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Dans les provinces occidentales, sous Constance et sous Constantin.

Le caractère doux et affable de Constance répugnait à tout ce qui pouvait opprimer quelques-uns de ses sujets. Les principales charges de son palais étaient exercées par des chrétiens. Il chérissait leurs personnes ; il estimait leur fidélité, et il n’avait aucune aversion pour leurs principes religieux. Mais tant que ce prince demeura dans le rang subordonné de César, il ne lui fut pas possible de rejeter ouvertement les édits de Dioclétien ni de désobéir aux commandemens de Maximien. L’autorité de Constance adoucit cependant les maux qu’il détestait et qui excitaient sa compassion. Il consentit avec peine à la destruction des églises ; mais il ne craignit pas de protéger les chrétiens contre la fureur de la populace, et contre la rigueur des lois. Les provinces de la Gaule, et vraisemblablement celles de la Bretagne, furent redevables de la tranquillité dont elles jouirent[1], à la douce intervention de leur souverain. Mais Datien, président ou gouverneur d’Espagne, aima mieux, par zèle ou par politique, exécuter les édits publics des empereurs, que de comprendre les intentions secrètes de Constance. L’on ne saurait douter que sous son administration l’Espagne n’ait été teinte du sang d’un

  1. Eusèbe, l. VIII, c. 13 ; Lactance, De mort. pers., c. 15. Selon Dodwell (Dissert. Cyprian., XI, 75), ces deux auteurs ne s’accordent point l’un avec l’autre. Mais le premier parle évidemment de Constance au rang de César, et le second du même prince au rang d’Auguste.