Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/282

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divinités furent soumis à l’autorité d’un pontife supérieur, créé pour s’opposer à l’évêque, et pour soutenir la cause du paganisme. Ces pontifes reconnaissaient à leur tour la suprématie des métropolitains ou grands-prêtres de la province, qui agissaient comme les vice-gérens immédiats de l’empereur lui-même. Ils portaient une robe blanche pour marque de leur dignité ; et on avait soin de choisir ces nouveaux prélats dans les familles les plus nobles et les plus opulentes. Par l’influence des magistrats et de l’ordre sacerdotal, le prince obtint de plusieurs villes, et particulièrement de Nicomédie, d’Antioche et de Tyr, un grand nombre de requêtes respectueuses, où les intentions bien connues de la cour étaient adroitement représentées comme le sentiment général des peuples. Les habitans sollicitaient l’empereur de consulter les lois de la justice, plutôt que les mouvemens de sa clémence ; ils exprimaient leur horreur pour les chrétiens, et suppliaient humblement que ces sectaires impies fussent au moins exclus des limites de leurs territoires respectifs. La réponse de Maximin à la requête qui lui avait été adressée par les citoyens de Tyr, existe encore. Il loue leur zèle et leur dévotion dans les termes les plus magnifiques ; il s’étend sur l’impiété opiniâtre des chrétiens ; et la facilité avec laquelle il consent à les bannir, prouve qu’il se regardait plutôt comme recevant que comme accordant une faveur. Il donna aux prêtres aussi-bien qu’aux magistrats le pouvoir d’exécuter, dans toute leur rigueur, ses édits, qui furent gravés sur des