Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/292

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et puisqu’il y eut des gouverneurs qui, par une clémence réelle ou affectée, s’abstinrent de tremper leurs mains dans le sang des fidèles[1], il est raisonnable de croire que le pays où le christianisme avait pris naissance, produisit au moins la seizième partie des martyrs qui souffrirent la mort dans les états de Galère et de Maximin. Le tout se montera donc environ à quinze cents ; et si l’on divise ce nombre par les dix années de la persécution, le résultat donnera cent cinquante martyrs par an. Si l’on applique la même proportion aux provinces de l’Italie, de l’Afrique et peut-être de l’Espagne, dans lesquelles, au bout de deux ou trois ans, la rigueur des lois pénales fut ou suspendue ou abolie, la multitude des chrétiens condamnés à mort par une sentence juridique, dans toute l’étendue de l’Empire romain, sera réduite à un peu moins de deux mille personnes ; et puisque du temps de Dioclétien les chrétiens étaient certainement plus nombreux, et leurs ennemis plus irrités qu’ils ne l’avaient jamais été dans toute autre persécution antérieure, ce calcul probable et modéré peut apprendre à se former une idée juste du nombre des saints et des martyrs, qui, dans les anciens temps, ont sacrifié leur vie pour répandre dans le monde la lumière de l’Évangile.

    une proportion générale relative à leur étendue et à leur opulence.

  1. Ut gloriari possint nullum se innocentium peremisse, nain et ipse audivi aliquos gloriantes, quia administratio sua, in hâc parte, fuerit incruenta. (Lactance, Instit. divin, v. II.)