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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/308

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Ida, voyait à ses pieds l’entrée de l’Hellespont, qui reçoit à peine quelques eaux des immortels ruisseaux du Simoïs et du Scamandre. Le camp des Grecs occupait un espace de douze milles le long du rivage entre le promontoire de Sigée et celui de Rhète ; et les flancs de leur armée étaient défendus par les chefs les plus courageux de ceux qui combattaient sous les drapeaux d’Agamemnon. Le premier de ces promontoires était occupé par Achille et ses invincibles Myrmidons. L’indomptable Ajax occupait l’autre. Quand Ajax eut péri victime de son orgueil déçu et de l’ingratitude des Grecs, on éleva son tombeau dans l’endroit où il avait défendu la flotte contre la fureur de Jupiter et d’Hector ; et les habitans de la ville de Rhète, que l’on commençait à bâtir, lui accordèrent les honneurs divins[1]. Constantin, avant de donner à la situation de Byzance la préférence qu’elle méritait, avait eu dessein de placer le siége de l’empire sur ce terrain fameux, d’où les Romains prétendaient tirer leur fabuleuse origine. Il avait choisi, pour bâtir sa nouvelle capitale, la vaste plaine qui s’étend au-dessous de l’ancienne Troie vers le promontoire de Rhète et le tombeau d’Ajax ; et quoique cette idée ait été bientôt abandonnée, les restes imposans des tours et des murs imparfaits de la ville

    lignes du Catalogue d’Homère ; le treizième livre de Strabon suffit à notre curiosité.

  1. Strabon, l. XIII, p. 595. Homère (voyez l’Iliade, IX, 220) décrit très-nettement la disposition des vaisseaux retirés sur la grève, ainsi que les postes d’Ajax et d’Achille.