Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/331

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qui fut plus durable, mérite quelque attention. À chaque anniversaire de la fondation, la statue de Constantin, faite par ses ordres en bois doré, était portée sur un char de triomphe, tenant dans sa main droite une petite image du génie de la ville. Les gardes, dans leur plus riche appareil, portaient des flambeaux de cire blanche, et accompagnaient cette procession solennelle dans sa marche à travers l’Hippodrome. Quand elle arrivait vis-à-vis du trône, l’empereur régnant se levait, saluait avec l’air du respect et de la reconnaissance, et adorait la mémoire de son prédécesseur[1]. À la fête de la dédicace, un édit, gravé sur une colonne de marbre, donna à Constantinople le nom de seconde ou nouvelle Rome[2]. Mais le nom de Constantinople[3] a prévalu sur cette honorable dénomination, et

  1. La Chronique d’Alexandrie (p. 285) donne la description la plus ancienne et la plus complète que nous ayons de cette cérémonie extraordinaire. Tillemont et les autres amis de Constantin, blessés d’y trouver un air de paganisme, qui semble indigne d’un prince chrétien, pouvaient la regarder comme douteuse ; mais ils ne devaient pas la passer sous silence.
  2. Sozomène, l. II, c. 2 ; Ducange, C. P., l. I, c. 6. Velut ipsius Romæ filiam ; c’est l’expression de saint Augustin, Civit. Dei, l. V, c. 25.
  3. Eutrope, l. X, c. 8 ; Julien, orat. 1, p. 8 ; Ducange, C. P., l. I, c. 5. Le nom de Constantinople se trouve sur les médailles de Constantin.