Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/35

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plus savans pères de l’Église ont eu l’imprudence d’admettre les sophismes de cette secte. Avouant que le sens littéral des divines Écritures répugne à tous les principes de la raison et de la foi, ils se croient en sûreté et invulnérables derrière le large voile de l’allégorie, qu’ils ont soin d’étendre sur toutes les parties délicates du système de Moïse[1].

Leurs sectes, leurs progrès et leur influence.

On a observé d’une manière plus ingénieuse que vraie que la pureté primitive de l’Église n’avait jamais été violée par le schisme ni par l’hérésie, avant le règne de Trajan ou d’Adrien[2], cent ans environ après la mort de Jésus-Christ[3]. Disons plutôt que, durant cette période, les disciples du Messie donnèrent à la foi et à la pratique, une latitude que ne se permirent jamais les fidèles des siècles suivans. À mesure que les limites de la communion se resserrèrent insensiblement, et que le parti dominant exerça son autorité spirituelle avec plus de rigueur,

  1. Voyez Beausobre, Hist. du Manichéisme, l. I, c. 4. Origène et saint Augustin étaient du nombre des allégoristes.
  2. L’assertion d’Hégésippe n’est pas si positive : il suffit de lire le passage entier tel qu’il est dans Eusèbe, pour voir comment la première partie est modifiée par la dernière. Hégésippe ajoute que jusqu’à cette époque, l’Église était restée pure et intacte comme une vierge. Ceux qui s’efforçaient de dénaturer les dogmes de l’Évangile ne travaillaient encore que dans l’obscurité. Eusèb., l. III, c. 32, p. 84. (Note de l’Éditeur.)
  3. Hégésippe, apud Euseb., l. III, 32, IV, 22 ; Clément d’Alexandrie, Stromat., VII, 17.