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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/389

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princes d’avoir en même temps dépouillé le sénat de son autorité, et les provinces de leurs richesses. Sans abolir les droits sur les marchandises, que l’acquéreur acquitte imperceptiblement comme un tribut volontaire, Constantin et ses successeurs préférèrent une taxe simple et directe, plus conforme au génie d’un gouvernement arbitraire[1].

Le tribut général ou l’indiction.

Le nom et l’usage des indictions[2] dont on se sert pour fixer la chronologie du moyen âge, sont tirés d’une coutume relative aux tributs romains[3]. L’empereur signait de sa main, et en caractères de couleur pourpre, l’édit solennel, ou indiction, qu’on exposait publiquement dans la principale ville de chaque diocèse, pendant les deux mois de juillet et d’août. Par une liaison d’idées très-naturelle, le nom d’indiction fut donné à la mesure du tribut qu’il ordonnait, et au temps de l’année fixé pour le paye-

  1. M. Hume (Essais, vol. I, p. 389) se montre un peu embarrassé en examinant cette importante vérité.
  2. La cour de Rome se sert encore aujourd’hui du cycle des indictions, dont l’origine remonte au règne de Constance, ou peut-être à celui de son père, Constantin ; mais, avec beaucoup de raison, elle a fixé le commencement de l’année au 1er janvier. Voyez l’Art de vérifier les dates, p. 11 ; et le Dictionnaire raisonné de la Diplomatique, t. II, p. 25, deux traités exacts sortis de l’atelier des Bénédictins.
  3. Les vingt-huit premiers titres du onzième livre du code Théodosien sont pleins de règlemens détaillés sur le sujet important des tributs ; mais ils supposent une connaissance des principes fondamentaux admis dans l’empire, plus nette que nous ne pouvons l’acquérir aujourd’hui.