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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/395

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gèrent souvent l’empereur à se faire un mérite envers ses sujets de la remise des dettes ou des tributs qu’il leur était impossible de payer. Dans la nouvelle division de l’Italie, l’heureuse et fertile province de la Campanie, ce théâtre des premières victoires de Rome, et depuis, la délicieuse retraite d’un grand nombre de citoyens, s’étendait entre la mer et l’Apennin, depuis le Tibre jusqu’au Silare. Environ soixante ans après la mort de Constantin, on fut obligé, d’après une nouvelle inspection faite avec soin sur les lieux, d’exempter de tout tribut trois cent trente mille acres de terres incultes et désertes, composant un huitième de la province. Cette étonnante désolation, constatée par les lois, ne peut être attribuée qu’à la mauvaise administration des empereurs romains, dans un temps où les Barbares n’avaient pas encore pu pénétrer en Italie.[1]

Tribut en forme de capitation.

Il paraît que, soit qu’on l’eût ainsi réglé à dessein ou par hasard, cet impôt, par le mode de levée qu’on employait, offrait à la fois la nature d’une taxe territoriale et les formes de la capitation[2]. La

  1. Cod. Théod., l. XI, tit. 28, leg. 2, publiée le 24 mars A. D. 395, par l’empereur Honorius, deux mois après la mort de son père Théodose. Il parle de cinq cent vingt-huit mille quarante-deux jugera romains, que j’ai réduits à la mesure d’Angleterre. Le jugerum contenait vingt-huit mille huit cents pieds carrés.
  2. Godefroy (Cod. Théodos., t. VI, p. 116) discute avec érudition et justesse le sujet de la capitation ; mais en expliquant le caput comme une portion ou mesure de la pro-