Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/397

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calcul, ou plutôt les faits sur lesquels il est appuyé, offrent à la réflexion deux difficultés : on sera surpris et de l’égalité et de l’énormité de cette capitation. En essayant de les résoudre, peut-être jetterai-je quelque lumière sur l’état où étaient alors les finances de cet empire à son déclin.

Il est évident que l’inégalité de fortune parmi les hommes est l’effet de l’immuable constitution de la nature humaine, et que tant qu’elle subsistera, une taxe générale qui serait imposée indistinctement sur tous les habitans d’un royaume, ne donnerait au souverain qu’un faible revenu, et priverait le plus grand nombre de ses sujets de leur subsistance.

    cellent Discours de M. Greaves sur le Denarius. On y trouvera la preuve des principes suivans : 1o. que la livre romaine, ancienne et moderne, contenant cinq mille deux cent cinquante-six grains, poids de Troie, est d’environ un douzième moindre que la livre anglaise, qui contient cinq mille sept cent soixante des mêmes grains ; 2o. que la livre d’or, antérieurement divisée en quarante-huit aurei, donnait alors à la monnaie soixante-douze pièces qui étaient plus petites, mais qui avaient la même dénomination ; 3o. que cinq de ces aurei étaient l’équivalent légal d’une livre d’argent, et qu’ainsi la livre d’or s’échangeait contre quatorze livres huit onces d’argent, poids de Rome, ou contre environ treize livres, poids d’Angleterre ; 4o. que la livre d’argent, poids d’Angleterre, donne soixante-deux schellings à la fabrication. On peut, d’après ces élémens, évaluer à quarante livres sterling la livre d’or romaine qu’on emploie ordinairement pour compter les grandes sommes, et par là déterminer le cours de l’aureus à un peu plus de onze schellings.