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aura une population de huit cent mille âmes. Sous le règne de Constantin, les Æduens n’étaient compris dans les rôles que pour vingt-cinq mille têtes de capitation, sur lesquelles sept mille furent exemptées, par ce prince, d’un tribut qu’elles étaient hors d’état de payer[1]. Ces remarques paraîtraient, par analogie, justifier l’opinion d’un ingénieux historien[2], qui prétend que dans l’empire le nombre des citoyens libres payant l’impôt ne s’élevait pas à plus de cinq cent mille ; et si, dans l’administration ordinaire du gouvernement, les payemens annuels pouvaient être calculés à quatre millions et demi sterling, il s’ensuivrait que, quoique la part de chaque citoyen fût des trois quarts plus forte qu’aujourd’hui, la Gaule, comme province romaine, ne payait cependant qu’un quart de ce que la France paye de nos jours. Les exactions de Constance portèrent les tributs à sept millions sterling ; ils furent réduits à deux millions sterling, par la sagesse ou l’humanité de Julien.

Impôt sur le commerce et l’industrie.

Mais comme une nombreuse et opulente classe de citoyens libres se trouvait exempte d’une taxe ou capitation qui ne frappait que sur les propriétaires des terres, les empereurs, qui voulaient aussi partager les richesses qui sont le fruit de l’art et du travail, et qui ne consistent qu’en argent comptant et en

  1. Eumène, in Panegyr. vet., l. VIII, 11.
  2. L’abbé Dubos, Histoire critique de la monarchie française, t. I, p. 121.