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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/404

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annoncée par les terreurs et par les larmes des citoyens, qui se trouvaient souvent forcés d’user des ressources les plus odieuses et les plus répugnantes à la nature pour se procurer la somme qu’on extorquait à leur misère par la crainte des châtimens. On ne peut nier, à la vérité, que le témoignage de Zosime ne porte tous les caractères de la passion et de la prévention ; mais de la nature même de ce tribut, on peut, ce me semble, raisonnablement conclure que sa répartition devait être arbitraire, et sa perception rigoureuse. Les richesses secrètes du commerce, et les profits précaires du travail et de l’art ne sont susceptibles que d’une estimation arbitraire, qui est rarement désavantageuse aux intérêts du trésor. Le commerçant ne pouvant offrir, pour caution de son payement, des terres et des récoltes à saisir, toute sa solvabilité consiste dans sa personne ; et l’on ne peut guère le contraindre que par des punitions corporelles[1]. Les cruautés qu’on exerçait sur les débiteurs insolvables de l’état, sont attestées et ont peut-être été adoucies par un édit plein d’humanité de Constantin lui-même, où il proscrit l’usage des fouets et des tortures, et leur accorde pour le lieu de leur détention une prison aérée et spacieuse.

Ces taxes générales étaient imposées et perçues par l’autorité absolue des empereurs ; mais les of-

    sion et de prévention dans le reproche de Zosime que dans la défense laborieuse de la mémoire de Constantin, par le zélé docteur Howell. (History of the World, vol. II, p. 20.)

  1. Cod. Théod., l. XI, tit. 7, leg. 3.