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conduire en main un ou deux chevaux de remonte, leur facilitait les moyens de fondre à l’improviste sur des pays éloignés, et d’éviter la poursuite de l’ennemi par une retraite rapide[1]. Leur grossière industrie avait suppléé à l’usage du fer dont ils manquaient, par l’invention d’une cuirasse qui résistait à l’épée et au javelot. Elle était faite de corne de cheval coupée en tranches minces et unies, posées avec soin les unes sur les autres de la même manière que les écailles des poissons ou les plumes des oiseaux, et cousues fortement sur une toile grossière qu’ils portaient sous leur vêtement[2]. Les armes offensives des Sarmates consistaient en un court poignard, une longue lance, un arc fort pesant et un carquois rempli de flèches. Ils étaient réduits à la nécessité de se servir d’os de poissons pour former les pointes de leurs armes. L’usage de les tremper dans une liqueur vénéneuse, qui rendait les blessures mortelles, indique assez les mœurs les plus barbares : un peuple qui aurait eu quelque sentiment d’humanité aurait abhorré cette pratique odieuse, et une nation instruite dans l’art de la

  1. Ammien, l. XVII, c. 12. Les Sarmates coupaient leurs chevaux, afin de prévenir les accidens que pouvaient occasionner les passions bruyantes et indomptables des mâles.
  2. Pausanias, l. I, p. 50, édit. de Khun. Ce voyageur, avide de connaissances, a examiné avec soin une cuirasse de Sarmate, qu’on conservait dans le temple d’Esculape à Rome.