Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/438

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et l’empereur, poussant peut-être trop loin l’économie, déduisit une partie des frais de la guerre de la gratification qu’on avait coutume d’accorder à cette nation turbulente.

Expulsion des Sarmates. A. D. 334.

Irrités de ce mépris apparent, les Sarmates oublièrent avec la légèreté ordinaire aux Barbares, le service qu’on venait de leur rendre, et les dangers qui les menaçaient encore. De nouvelles incursions sur le territoire de l’empire excitèrent l’indignation de Constantin et le déterminèrent à les abandonner à leur destinée : il ne s’opposa plus à l’ambition de Gerberic, guerrier renommé, qui venait de monter sur le trône des Goths. Wisumar, roi vandale, quoique seul et sans secours, défendit son royaume avec un courage intrépide ; une bataille décisive lui enleva la victoire avec la vie, et moissonna la fleur de la jeunesse sarmate. Ce qui restait de la nation, prit le parti désespéré d’armer tous les esclaves, composés d’une race robuste de pâtres et de chasseurs. À l’aide de ce ramas confus de troupes indisciplinées, ils vengèrent leur défaite, et chassèrent les usurpateurs hors de leurs frontières. Mais ils s’aperçurent bientôt qu’ils n’avaient fait que changer un ennemi étranger, contre un ennemi domestique, et plus dangereux et plus implacable. Se rappelant avec fureur leur ancienne servitude, et s’animant par la gloire qu’ils venaient d’acquérir, les esclaves, sous le nom de Limigantes, prétendirent à la possession du pays qu’ils avaient sauvé, et l’usurpèrent. Leurs maîtres, trop faibles pour s’opposer aux fureurs d’une