Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/462

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joviens et des herculiens, qui reconnaissaient Magnence pour leur chef, tenaient toujours la place d’honneur dans le camp impérial. L’amitié de Marcellinus, comte des largesses sacrées, suppléait libéralement aux moyens de séduction. On sut convaincre les soldats par les argumens les plus spécieux, que la république les sommait de briser les liens d’une servitude héréditaire, et de récompenser par le choix d’un prince actif et vigilant, les mêmes vertus qui de l’état de citoyen avaient élevé sur le trône du monde les ancêtres dont avait dégénéré Constans. Quand on crut avoir suffisamment préparé les esprits, Marcellinus, sous prétexte de célébrer le jour de la naissance de son fils, donna une fête magnifique aux personnages illustres et honorables de la cour des Gaules, qui résidait alors à Autun. Les excès du festin furent prolongés avec adresse bien avant dans la nuit, et les convives, sans défiance, se laissaient aller à une coupable et dangereuse liberté de conversation : tout d’un coup les portes s’ouvrent avec fracas ; et Magnence, qui s’était retiré depuis quelques instans, rentre revêtu de la pourpre et du diadème. Les conspirateurs se lèvent à l’instant, et le saluent des noms d’Auguste et

    par Constance-Chlore dans la Gaule (Voyez son histoire, chapitre XIII de cet ouvrage). Sa conduite nous rappelle le patriote comte de Leicester, le fameux Simon de Montfort, qui vint à bout de persuader au peuple d’Angleterre, que lui, Français de naissance, avait pris les armes pour le délivrer des favoris étrangers.