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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/28

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pas encore guéries ; la Gaule se trouvait inondée d’un déluge de Barbares, et les Sarmates ne respectaient plus la barrière du Danube. Les sauvages isauriens, dont on avait laissé les ravages impunis, augmentaient de nombre et d’audace. [Julien est rappelé à Milan.]Ces brigands descendaient de leurs montagnes escarpées pour ravager les contrées adjacentes ; ils avaient eu l’insolence d’assiéger, mais sans succès, l’importante ville de Séleucie, défendue par trois légions. D’un autre côté, le roi de Perse donnait en même temps des inquiétudes plus sérieuses ; enorgueilli par ses victoires, il menaçait de nouveau les provinces de l’Asie, et la présence de l’empereur devenait également indispensable sur les frontières orientales et sur les confins de l’Occident. Pour la première fois, Constance reconnut sincèrement que des soins si variés et si étendus étaient au-dessus de ses forces[1]. En vain la voix de ses flatteurs voulut se faire entendre et lui persuader que ses vertus toutes puissantes, sa fortune appuyée de la faveur du ciel, continueraient à triompher de tout obstacle ; il prêta l’oreille avec complaisance aux avis d’Eusebia, qui satisfaisaient son indolence sans blesser sa vanité. S’apercevant que le souvenir de Gallus donnait des craintes à l’empereur, cette princesse lui présentait avec adresse les caractères opposés des deux frères, qu’on avait

  1. Succumbere tot necessitatibus tamque crebris unum se quod numquam fecerat apertè demonstrans. (Ammien, l. XV, c. 8.) Il rapporte ensuite dans leurs propres termes les assurances flatteuses des courtisans.