Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/302

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quels elle s’exposait, fit retentir la place du cri fatal et irrévocable de Julien-Auguste. Ce prince, dont les tristes réflexions avaient été interrompues par leurs acclamations tumultueuses, fit barricader ses portes, et, aussi long-temps qu’il lui fut possible, il déroba sa personne et sa dignité aux événemens d’un désordre nocturne. Mais au point du jour, les soldats, dont le zèle était irrité par sa résistance, entrèrent de force dans le palais ; et, saisissant l’objet de leur choix avec une respectueuse violence, le portèrent sur son tribunal, le placèrent au milieu d’eux, et, l’épée à la main, traversant ainsi les rues de Paris, le saluèrent comme leur empereur, en répétant à grands cris les mots de Julien-Auguste. La prudence et la fidélité lui ordonnaient également de résister à leurs coupables desseins et de ménager à sa vertu l’excuse de la violence. S’adressant alternativement à la multitude et à quelques officiers, tantôt il les suppliait de ne pas le perdre, tantôt il leur exprimait toute son indignation ; il les conjurait de ne pas souiller la gloire immortelle de leurs victoires. Enfin il alla jusqu’à leur promettre que s’ils rentraient à l’instant dans le devoir, il tâcherait non-seulement d’obtenir pour eux de l’empereur un pardon

    Albans, vers l’an 1190. (Voyez l’Histoire de la poésie anglaise, par Warton, v. I, dissert. 2.) De pareils vols étaient moins funestes à la tranquillité du genre humain que les disputes théologiques que la Sorbonne a agitées depuis sur le même terrain. (Bonamy, Mém. de l’Acad., t. XV, pages 678-682.)