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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/32

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ciers qui entouraient le tribunal exprimèrent avec une décente retenue leur estime pour le représentant de Constance.

Les deux princes retournèrent au palais dans le même char ; et pendant la marche lente de ce cortége, Julien se répétait à lui-même un vers d’Homère, son poète favori, qui pouvait également s’appliquer à ses craintes et à sa fortune[1]. Les vingt-quatre jours qu’il passa dans le palais de Milan après son investiture, et les premiers mois de son règne dans les Gaules, ne furent autre chose qu’une pompeuse mais sévère captivité. Les honneurs qu’il avait acquis ne compensaient pas la perte de sa liberté[2].

    dentes, quod est prosperitatis indicium plenum ; nam contrà cùm hastis clypei feriuntur, iræ documentum est et doloris… Ammien ajoute par une subtile distinction : Eumque, ut potiori reverentiâ servaretur nec suprà modum laudabant, nec infrà quàm decebat.

  1. Ελλαβε ϖορφυρεος θανατος και μοιρα κραταιη. Le mot pourpre, dont Homère fait usage comme d’une épithète vague, mais qui servait communément à désigner la mort, fut appliqué très-justement par Julien à la nature et au motif de ses craintes.
  2. Il peint de la manière la plus pathétique (p. 277) les peines cruelles de sa nouvelle situation. Cependant sa table était servie avec tant de luxe et de profusion, que le jeune philosophe la rejeta avec dédain. Quum legeret libellum assiduè, quem Constantius ut privignum ad studia mittens, manû suâ conscripserat, prælicenter disponens quid in convivio Cæsaris impendi deberet, Phasianum, et vulvam et sumen exigi vetuit et inferri. (Ammien-Marcellin, l. XVI, c. 5.)