Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/326

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peaux ; mais, avec raison, il comptait peu sur la fidélité de ces troupes que l’empereur avait distinguées d’une manière particulière ; et, sous le prétexte de défendre les frontières de la Gaule, il les éloigna du théâtre d’une guerre active, la plus importante pour lui. Ce petit corps d’armée avança en murmurant jusqu’aux frontières de l’Italie. Mais bientôt la crainte des fatigues d’une longue marche, celle que leur inspirait la férocité des Germains qu’ils allaient combattre, achevèrent d’aliéner les soldats. Excités par un de leurs tribuns, ils s’arrêtèrent à Aquilée, et arborèrent les drapeaux de Constance sur les murs de cette ville imprenable. Julien aperçut d’un coup d’œil toute l’étendue du danger, et la nécessité d’y remédier avec promptitude. Jovin retourna par ses ordres en Italie avec une partie de l’armée ; il commença immédiatement le siége d’Aquilée et le poursuivit avec la plus grande vigueur. Mais ces légionnaires, qui avaient semblé renoncer à toute discipline, défendirent la place avec autant d’habileté que de constance, invitèrent toute l’Italie à imiter leur courage et leur fidélité, et menacèrent de couper la retraite de Julien s’il était forcé de céder à la supériorité du nombre des armées d’Orient[1].

  1. Ammien, XXI, 7, 11, 12. Il raconte avec une exactitude assez inutile les opérations du siége d’Aquilée, qui conserva dans cette occasion la réputation d’imprenable. Saint Grégoire de Nazianze (orat. 3, p. 68) attribue cette révolte accidentelle à la sagesse de Constance, dont il an-