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l’âge de vingt ans, il reçut de ses précepteurs chrétiens l’éducation, non pas d’un héros, mais celle d’un saint. L’empereur, moins jaloux des couronnes du ciel que d’un trône de ce monde, se contentait du mérite imparfait de catéchumène, tandis qu’il procurait les avantages du baptême[1] aux neveux de Constantin[2]. On les admit aux fonctions subalternes de l’ordre ecclésiastique, et Julien lut publiquement les Saintes-Écritures dans l’église de Nicomédie. L’étude de la religion, dont ces princes s’occupèrent avec assiduité, sembla produire une abondante récolte des fruits de la foi et de la dévotion[3]. Ils priaient, ils jeûnaient, ils distribuaient des aumônes aux pauvres et des largesses au clergé ;

    arien ; mais il donne des éloges à son précepteur l’eunuque Mardonius, et il décrit son système d’éducation, qui inspira au jeune élève une admiration passionnée pour le génie, et peut-être pour la religion d’Homère. (Misopogon, p. 351, 352).

  1. Saint Grégoire de Nazianze, III, p. 70. On reproche à Julien d’avoir voulu effacer cette sainte marque dans le sang, peut-être d’une hécatombe. (Baronius, Annal. ecclés. A. D. 361, nos 3, 4.)
  2. Julien (epist. LI, page 454) assure les habitans d’Alexandrie qu’il avait été chrétien jusqu’à l’âge de vingt ans. Il voulait dire sans doute un chrétien sincère.
  3. Voy. son éducation chrétienne et même ecclésiastique, dans les écrits de saint Grégoire (III, p. 58), dans ceux de Socrate (l. III, c. 1) ; et dans ceux de Sozomène (l. V, c. 2). Il s’en fallut de peu qu’il ne devînt évêque, et peut-être qu’il ne fût un saint.