Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/374

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cher au combat, rentrant ensuite tranquillement dans sa tente après avoir vaincu les ennemis de Rome, y dictait des lois sages et salutaires, ou bien exerçait son goût délicat dans les travaux de la littérature et de la philosophie.

Sa dissimulation sur les matières religieuses.

Il confia le secret important de son apostasie aux initiés attachés à lui désormais par les liens sacrés de l’amitié et de la religion[1]. L’agréable nouvelle en fut répandue avec précaution parmi les zélateurs de l’ancien culte ; et dans toutes les provinces de l’empire, la future grandeur du jeune prince devint l’objet des espérances, des prières et des prédictions des païens. C’était du zèle et des vertus de ce royal prosélyte qu’ils attendaient avec confiance la guérison de tous les maux, le retour de tous les biens ; et au lieu de désapprouver la vivacité de leurs pieux désirs, leur protecteur avouait ingénument qu’il souhaitait d’atteindre à un état où il pût être utile à son pays et à sa religion ; mais le successeur de Constantin, dont les passions capricieuses sauvèrent et menacèrent tour à tour la vie de Julien, était contraire à cette religion. La magie et la divination étaient défendues par un gouvernement despotique qui daignait s’abaisser à les craindre ; et comme on

  1. Libanius, orat. parent., c. 10. p. 233, 234. Gallus eut quelque raison de soupçonner la secrète apostasie de son frère ; et dans une lettre qu’on peut regarder comme authentique, il l’exhorte à demeurer attaché à la religion de leurs ancêtres ; conseil qui était un peu prématuré. Voyez Julian. Op., p. 454 ; et Hist. de Jovien, t. II, p. 141.