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chrétiens, inventé par leurs ancêtres[1]. Contens d’en négliger les préceptes moraux, ils ne croyaient pas pouvoir se permettre la plus légère infidélité à ses dogmes. Le schisme et l’hérésie troublaient l’Église d’Antioche ; mais une sainte haine animait également, contre l’empereur, les ariens, les partisans de saint Athanase et ceux de Mélèce et de Paulin[2].

Leur aversion pour Julien.

Ils avaient la plus forte prévention contre un apostat, l’ennemi et le successeur d’un prince qui s’était attiré l’affection d’une secte nombreuse ; l’enlèvement des restes de saint Babylas excita contre lui un implacable ressentiment. Le peuple, dominé par ses idées superstitieuses, disait hautement que la famine avait suivi les traces de l’empereur de Constantinople à Antioche ; et le moyen peu judicieux qu’on employa dans cette disette acheva d’irriter des hommes que tourmentait la faim. L’inclémence de la saison[3]

  1. χρισ‌τον δε αγαπωντες εχετε πολιο‌υχον αντι το‌υ Διος. Le peuple d’Antioche professait ingénieusement son attachement au χ chi (Christ) et au κ kappa (Constance). Julien, Misopogon, p. 357.
  2. Le schisme d’Antioche, qui dura quatre-vingt-cinq ans, fut excité par l’indiscrète ordination de Paulin pendant le séjour de Julien dans cette ville (A. D. 330-415). Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. VII, p. 803, édit. in-4o. Paris, 1701, que je citerai désormais.
  3. Julien dit qu’avec une pièce d’or on achetait cinq, dix et quinze modii de blé, selon les divers degrés de l’abondance et de la disette (Misopogon, p. 369). D’après ce fait, et quelques autres pareils, je pense que sous les successeurs de Constantin, le prix ordinaire des grains était