Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/102

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couvrir enfin ses anciens crimes, en y ajoutant les crimes nouveaux de la fraude et de l’imposture. À peu près dans le même temps, on trancha ignominieusement, à Carthage, la tête du libérateur de la Bretagne et de l’Afrique, sur le vague soupçon que son nom et ses services le plaçaient au-dessus du rang d’un sujet. Valentinien n’existait plus ; et on peut imputer aux ministres qui abusaient de l’inexpérience de ses fils, la mort de Théodose et l’impunité de Romanus[1].

État de l’Afrique.

Si Ammien eût heureusement employé son exactitude géographique à décrire les exploits de Théodose dans l’Afrique, nous aurions détaillé avec satisfaction toutes les circonstances particulières de sa marche et de ses victoires ; mais la fastidieuse énumération des tribus inconnues de l’Afrique peut se réduire à la remarque générale, qu’elles étaient toutes de la race noire des Mores, qu’elles habitaient, sur les derrières des provinces de Numidie et de Mauritanie, le pays que les Arabes ont nommé depuis la patrie des dattiers et des sauterelles[2], et que, comme la puissance des Romains déclinait en Afrique, les bornes des pays cultivés et civilisés s’y resserraient dans la même proportion. Au-delà des limites des

  1. Ammien, XXVIII, 4 ; Orose, l. VII, c. 33, p. 551, 552 ; saint Jérôme, dans sa Chronique, p. 187.
  2. Léon l’Africain (dans les Viaggi di Ramusio, tom. I, p. 78-83) a fait une description curieuse des peuples et du pays, que Marmol (Afrique, t. III, p. 1, 54) décrit d’une manière beaucoup plus détaillée.