Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/108

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Tant que les successeurs de Constantin avaient disputé à ceux d’Artaxercès la possession des provinces intermédiaires de leurs états, les liens de fraternité établis par la religion avaient donné un avantage décisif aux prétentions de l’empire. Une faction nombreuse et active reconnut Para, fils de Tyranus, pour le légitime souverain de l’Arménie ; ses droits au trône étaient consacrés par une succession de cinq cents ans. Du consentement unanime des Ibériens, les deux princes rivaux partagèrent également les provinces ; et Aspacuras, placé sur le trône par le choix de Sapor, fut obligé de déclarer que ses enfans, en otage chez le roi de Perse, étaient la seule considération qui l’empêchât de renoncer ouvertement à son alliance. L’empereur Valens, qui respectait la foi du traité, et qui craignait d’ailleurs d’envelopper l’Orient dans une guerre dangereuse, ne se permit qu’avec beaucoup de lenteur et de précautions de porter secours, en Arménie et en Ibérie, aux partisans des Romains. Douze légions établirent l’autorité de Sauromaces sur les rives du Cyrus, et la valeur d’Arinthæus défendit les bords de l’Euphrate. Une puissante armée, sous les ordres du comte Trajan, et de Vadomair, roi des Allemands, établit son camp sur les confins de l’Arménie ; mais, dans la crainte de se voir imputer la rupture du traité, on leur enjoignit sévèrement de ne pas se permettre les premières hostilités ; et telle fut la stricte obéissance du général romain, qu’il se retira, poursuivi par une grêle de traits que lui lancèrent les Persans,