Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/112

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mais une légion ne pouvait pas inquiéter la fuite d’un corps de cavalerie légère, et à la première décharge de leurs traits, elle se retira avec précipitation sous les murs de Tarse. Après avoir marché deux jours et deux nuits sans se reposer, Para et ses Arméniens arrivèrent au bord de l’Euphrate ; mais le passage de cette rivière, qu’ils furent obligés de traverser à la nage, leur occasionna du retard et la perte de quelques-uns de leurs compagnons. On avait donné l’alerte à toutes les troupes, et les deux chemins, qui n’étaient séparés que par un intervalle de trois milles, étaient fermés par un corps de mille archers à cheval, sous les ordres d’un comte et d’un tribun. Para aurait inévitablement cédé à la supériorité du nombre, sans l’arrivée fortuite d’un voyageur, qui l’instruisit du danger et du moyen d’y échapper. La troupe des Arméniens s’enfonça dans les sentiers obscurs et presque impraticables d’un petit bois, et laissa derrière elle le comte et le tribun, qui continuaient à attendre patiemment son arrivée sur le grand chemin. Ils retournèrent à la cour impériale pour s’y excuser de leur négligence ou de leur malheur, et soutinrent très-sérieusement que le roi d’Arménie, connu pour un habile magicien, avait eu recours à quelque métamorphose pour passer lui et ses cavaliers sans être aperçus. Arrivé dans son royaume, Para affecta d’être toujours l’allié et l’ami des Romains ; mais ils l’avaient trop violemment outragé pour lui pardonner, et sa mort fut secrètement décidée dans le conseil de Valens. L’exécution de cette sentence sanguinaire fut