Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/12

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célestes[1] du grand saint Athanase. Cet intrépide vétéran de la foi était sorti de sa retraite à l’âge de soixante-dix ans, aussitôt qu’il avait appris la mort de son persécuteur. Il était remonté sur son trône archiépiscopal aux acclamations du peuple, et avait sagement accepté ou prévenu l’invitation de Jovien. La figure vénérable de saint Athanase, son courage tranquille et son éloquence persuasive, soutinrent la réputation qu’il avait successivement acquise à la cour de quatre souverains[2]. Après s’être assuré de la confiance et de la foi de l’empereur chrétien, il retourna glorieusement dans son diocèse d’Alexandrie, qu’il gouverna pendant dix ans avec une sagesse mûrie par l’expérience, et une fermeté dont l’âge

  1. Le mot céleste exprime faiblement l’adulation impie et extravagante de Jovien vis-à-vis d’Athanase, της προς τον Θεον των ολων ομοιωσεως. (Voyez la lettre originale dans saint Athanase, t. II, p. 33.) Saint Grégoire de Nazianze (orat. XXI, p. 392) célèbre l’amitié mutuelle de Jovien et de saint Athanase. Ce furent les moines d’Égypte qui conseillèrent au primat de faire le voyage. (Tillemont, Mém. ecclés., t. VIII, p. 221.)
  2. Saint Athanase est peint avec esprit par La Bléterie, à l’occasion de son séjour à la cour d’Antioche. (Histoire de Jovien, t. I, p. 121-148.) Cet historien traduit les conférences singulières et authentiques de l’empereur avec le primat d’Égypte et les députés des ariens. L’abbé n’est pas satisfait des plaisanteries grossières de Jovien ; mais il regarde comme une justice sa partialité pour saint Athanase.