Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/134

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les côtes de la Sicile, de la Dalmatie, de la Grèce et de l’Égypte. De grands bateaux furent entraînés et placés sur les toits des maisons, ou à la distance de deux milles du rivage ordinaire. Les maisons englouties disparurent avec leurs habitans, et la ville d’Alexandrie a perpétué, par une cérémonie annuelle, le souvenir de l’inondation funeste qui coûta la vie à cinquante mille de ses citoyens. Cette calamité, dont le récit s’exagérait en passant d’une province à l’autre, frappa tout l’empire d’étonnement et d’épouvante, et les imaginations effrayées étendirent les conséquences d’un malheur momentané. On se rappelait les tremblemens de terre précédens, qui avaient détruit les villes de la Palestine et de la Bithynie, et les Romains étaient disposés à regarder ces coups terribles comme l’annonce de malheurs encore plus affreux. Leur vanité timide confondait les symptômes du déclin de leur empire avec ceux de la fin du monde[1]. On avait alors pour habitude

  1. On trouve des descriptions différentes des tremblemens de terre et des inondations dans Libanius (orat. de ulcisc. Julian. nece, c. 10) ; dans Fabricius (Biblio. græc., t. VII, p. 158, et les notes savantes d’Olearius) ; dans Zosime (l. IV, p. 221) ; Sozomène (l. VI, c. 2) ; Cedrenus, p. 310-314) ; saint Jérôme (in Chron., p. 186) ; et (t. I, p. 250) dans la Vie de saint Hilarion. Épidaure aurait été engloutie, si ses citoyens n’avaient prudemment placé sur le rivage saint Hilarion, moine d’Égypte. Il fit le signe de la croix, et les eaux s’arrêtèrent, s’abaissèrent devant lui, et se retirèrent.