Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chine, nous pouvons avancer à plus de mille milles vers le nord, où nous serons arrêtés par le froid excessif de la Sibérie. Dans cet affreux climat, au lieu du portrait animé d’un camp tartare, on voit sortir de la terre, ou plutôt des neiges dont elle est couverte, la fumée qui annonce les demeures souterraines des Mongouls et des Samoïèdes. Des rennes et de gros chiens leur tiennent imparfaitement lieu de bœufs et de chevaux, et les conquérans de l’univers dégénèrent insensiblement en une race de sauvages chétifs et difformes, que fait trembler le bruit des armes[1].

Établissement primitif des Huns.

Ces mêmes Huns, qui, sous le règne de Valens, menacèrent l’Empire romain, avaient long-temps auparavant semé la terreur dans l’empire de la Chine[2]. Ils occupaient anciennement, et peut-être originairement, une vaste étendue de pays aride et stérile au nord de la grande muraille. Cette contrée est occupée aujourd’hui par les quarante-neuf hordes ou bannières des Mongouls, [Leurs conquêtes dans la Scythie.]nation pastorale, composée d’environ deux cent mille familles[3].

  1. Voyez l’Histoire générale des Voyages (t. XVIII), et l’Histoire généalogique (vol. II, p. 620-664).
  2. M. de Guignes (t. II, p. 1-124)a donné l’histoire originale des anciens Hiong-nou ou Huns. La géographie chinoise de leur pays semble comprendre une partie de leurs conquêtes.
  3. Voyez dans du Halde (t. IV, p. 18-65) une description circonstanciée du pays des Mongouls, avec une carte exacte.