Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/158

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fixèrent la mer du Nord pour dernière limite de leur empire. Mais le nom de cette mer, sur les rives de laquelle le patriote Sovou adopta la vie d’un pasteur et d’un exilé[1], peut s’appliquer avec plus de probabilité au Baikal, vaste bassin d’environ trois cents milles de longueur, qui dédaigne la modeste dénomination de lac[2], et qui communique aujourd’hui avec la mer du Nord, par le long cours de l’Angara, du Tonguska et du Jénissea. La conquête d’un si grand nombre de nations éloignées pouvait flatter la vanité du Tanjou ; mais la valeur des Huns ne pouvait être récompensée que par la jouissance des richesses et du luxe de l’empire du Sud. On avait élevé dans le troisième siècle, avant l’ère chrétienne, un mur de quinze cents milles de longueur, pour défendre les frontières de la Chine contre leurs incursions[3] ; mais ce mur immense, qui tient une place considérable sur la carte du

  1. On célèbre encore à la Chine la renommée de So-vou ou So-ou, son mérite et ses aventures extraordinaires. (Voy. l’Éloge de Moukden, p. 20, et les notes, p. 241-247 ; et les Mémoires sur la Chine, t. III, p. 317-360.)
  2. Voyez Isbrand Ives, dans la Collection de Harris (vol. II, p. 931) ; les Voyages de Bell (v. I, p. 247-254) ; Gmelin, dans l’Histoire générale des Voyages (t. XVIII, p. 283-329). Ils rapportent tous cette opinion vulgaire, que la mer sainte s’irrite et devient orageuse dès qu’on ose lui donner le nom de lac. Cette délicatesse grammaticale occasionne souvent des querelles entre l’absurde superstition des mariniers et l’absurde obstination des voyageurs.
  3. Du Halde (t. II, p. 45) et de Guignes (l. II, p. 59),