Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/164

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tous les princes de la famille royale, et on épuisa la patience du roi barbare dans un banquet à huit services, durant lequel on exécuta neuf différens morceaux de musique ; mais il rendit à genoux un respectueux hommage à l’empereur, prononça, en son nom et pour tous ses successeurs, un serment de fidélité perpétuelle, et reçut du victorieux Vouti un sceau qui portait l’emblème de sa dépendante royauté. Depuis cette soumission humiliante, les Tanjoux manquèrent quelquefois à leur serment de fidélité, et saisirent l’instant favorable pour exercer leur brigandage ; mais la monarchie des Huns déclina peu à peu, et des dissensions civiles divisèrent enfin ces Barbares en deux nations séparées et ennemies. [A. D. 48.]Un de leurs princes, poussé par la crainte et l’ambition, se retira vers le sud avec huit hordes, composées de quarante à cinquante mille familles. Il obtint, avec le titre de Tanjou, un territoire commode sur les frontières des provinces chinoises, et la constance de son attachement pour l’empire fut maintenue par sa faiblesse et par le désir de se venger de ses anciens compatriotes. Depuis le moment de cette funeste séparation, les Huns du nord continuèrent à languir environ cinquante ans, jusqu’au moment où ils furent accablés de tous côtés par des ennemis étrangers et domestiques. Une colonne[1] élevée sur une

    remarquable est célébrée dans l’éloge de Moukden, et expliquée dans une note du père Gaubil (p. 89, 90).

  1. Cette inscription fut composée sur le lieu même par Pankou, président du tribunal de l’histoire. (Kang-Mou,