Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/173

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l’approche redoutable d’une multitude d’ennemis inconnus[1], auxquels ses barbares sujets pouvaient sans injustice donner le nom de Barbares. Le nombre des Huns, la rapidité de leurs mouvemens, et leur inhumanité, jetèrent la terreur chez les Goths, qui voyant leurs villages en flammes et leurs champs ensanglantés, s’exagérèrent encore leurs justes sujets d’effroi. À ces motifs d’épouvante se joignaient la surprise et l’horreur que leur causaient la voix grêle, les gestes sauvages et l’étrange difformité des Huns. On a comparé les sauvages de la Scythie, et avec assez de vérité, à des animaux qui marcheraient gauchement sur deux pieds, et à ces demi-figures appelées termes, placées assez souvent sur les ponts de l’antiquité. Ils différaient des autres races d’hommes par la largeur de leurs épaules, par leurs nez épatés et leurs petits yeux noirs, profondément enfoncés dans la tête. Comme ils étaient presque sans barbe, ils ne présentaient jamais ni les grâces viriles de la jeunesse, ni l’air vénérable de l’âge avancé[2].

  1. Comme nous sommes en possession de l’histoire authentique des Huns, il serait ridicule de répéter ou de réfuter les fables qui défigurent leur origine et leurs exploits, leur passage des marais ou de la mer Méotide pour poursuivre un bœuf ou un cerf, les Indes qu’ils avaient découvertes, etc. (Zosime, l. IV, p. 224 ; Sozomène, l. VI, c. 37 ; Procope, Hist. Miscell., c. 5 ; Jornandès, c. 24 ; Grandeur et Décadence, etc., des Romains, c. 17.)
  2. Prodigiosæ formæ, et pandi, ut bipedes existimes bestias ; vel quales in commarginandis pontibus, effigiati