Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/190

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ce moment, les Goths s’élevant au-dessus de la condition précaire d’étrangers fugitifs, jouirent des droits de citoyens et de conquérans. Ils exercèrent un empire indépendant sur les possesseurs des terres, et furent maîtres absolus dans les provinces septentrionales bornées par le Danube. » Telles sont les expressions d’un historien des Goths[1], qui, avec une éloquence sans art, célèbre la gloire de ses compatriotes. Mais le gouvernement des Barbares ne tendait qu’à la rapine et à la destruction : les ministres de Valens avaient privé les Goths des jouissances de la vie et des droits de l’humanité ; [Ils pénètrent dans la Thrace.]cette nation irritée se vengea cruellement de leur injustice sur les sujets de l’empire, et les crimes de Lupicinus furent expiés par la ruine des paisibles laboureurs de la Thrace, par l’incendie de leurs villages, par le massacre ou la captivité de leurs innocentes familles. La nouvelle de la victoire des Goths se répandit en peu de temps dans le pays environnant ; et les Romains, frappés d’épouvante et de terreur, contribuèrent, par leur précipitation et leur imprudence, à augmenter les forces de Fritigern et les calamités de la province. Un peu avant la grande émigration, une nombreuse colonie de Goths, conduite par Suérid et Colias, avait été reçue au service et sous la

  1. Jornandès, De rebus geticis, c. 26, p. 648, édit. Grot. Ces splendidi panni (car il faut les regarder ainsi relativement au reste) sont probablement tirés des histoires plus complètes de Priscus, Ablavius et Cassiodore.