Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/231

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savantes du dictateur à travers les montagnes de la Campanie, réclament à plus juste titre la renommée d’une gloire solide et indépendante, qu’il ne partagea ni avec la fortune ni avec ses soldats. Tel fut aussi le mérite de Théodose ; et les infirmités d’une maladie longue et dangereuse dont il fut alors attaqué, ne purent ni diminuer la vigueur de son génie, ni distraire son attention du service public[1].

Dissensions, défaite et soumission des Goths. A. D. 379-382.

La délivrance et la tranquillité des provinces romaines[2] furent moins l’ouvrage de la valeur que celui de la prudence de Théodose. La fortune la seconda, et l’empereur ne manqua jamais de saisir l’occasion favorable, et d’en tirer tout l’avantage. Tant que le génie supérieur de Fritigern conserva l’union parmi les Barbares et dirigea leurs opérations, leur puissance ne fut point au-dessous de la conquête d’un grand empire. La mort de ce héros, le prédécesseur et le maître du célèbre Alaric, dé-

  1. La plupart des écrivains insistent sur la maladie et le long séjour de Théodose à Thessalonique ; Zosime pour diminuer sa gloire, Jornandès pour favoriser les Goths, et les ecclésiastiques pour introduire son baptême.
  2. Comparez Themistius (orat. XIV, p. 181) avec Zosime (l. IV, p. 232), Jornandès (c. XXVII, p. 649) et le prolixe Comment. de M. du Buat (Hist. des Peuples, etc., t. VI, p. 477-552). Les Chroniques d’Idatius et de Marcellin font allusion, en termes généraux, à magna certamina, magna multaque prœlia. Ces deux épithètes ne se concilient pas aisément.