Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/239

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vérité de l’histoire se trouverait peut-être en adoptant un juste milieu entre ces deux récits opposés.

Établissement des Goths dans la Thrace et l’Asie.

L’original du traité qui fixa l’établissement des Goths, assura leurs priviléges et stipula leurs obligations, éclaircirait l’histoire de Théodose et celle de ses successeurs, où l’on ne trouve que très-imparfaitement l’esprit ou la substance de cette singulière convention[1]. Les ravages de la guerre et de la tyrannie avaient laissé beaucoup de terres fertiles, mais incultes, à la disposition de ceux des Barbares qui ne dédaignaient pas les travaux de l’agriculture. On plaça dans la Thrace une nombreuse colonie de Visigoths, et l’on transporta les restes des Ostrogoths dans la Phrygie et dans la Lydie. Ils reçurent tous, pour subvenir aux besoins présens, une distribution de bétail et de grains, et l’on encouragea leur industrie par l’exemption de tout tribut durant un certain nombre d’années. Les Barbares auraient mérité d’être les victimes de la politique perfide de la cour impériale, s’ils avaient souffert qu’on les dispersât dans différentes provinces ; mais ils demandèrent et obtinrent la possession entière des villages et des districts choisis pour le lieu de leur résidence ; ils conservèrent et propagèrent leurs mœurs et leur langage,

  1. Voyez Themistius, orat. XVI, p. 211. Claudien (dans Eutrope, l. II, 152) parle d’une colonie phrygienne :

    … Ostrogothis colitur mistisque Gruthungis
    Phryx ager…

    Et nomme ensuite les rivières de Lydie, le Pactole et l’Hermus.