Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/270

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offrit à cet évêque arien la dure alternative de souscrire à la foi de Nicée, ou de céder sur-le-champ à des ecclésiastiques orthodoxes son palais épiscopal, la cathédrale de Sainte-Sophie et toutes les églises de Constantinople. Le zèle de Damophile, qui, dans un pieux catholique, eût été justement applaudi, choisit sans hésiter l’exil et la pauvreté[1], et aussitôt après son départ on fit la cérémonie de la purification de la ville. Les ariens se plaignirent, avec quelque apparence de raison, de ce qu’une congrégation peu nombreuse s’emparait de cent églises qu’elle ne pouvait pas remplir, tandis que tout le reste des citoyens se trouvait privé de l’exercice public de son culte religieux. Théodose fut inexorable ; mais comme les anges qui protégeaient le parti des catholiques n’étaient visibles qu’aux yeux de la foi, il appuya prudemment ces légions célestes des secours efficaces du glaive temporel ; et un corps nombreux de ses gardes occupa l’église de Sainte-Sophie. Si saint Grégoire était susceptible d’orgueil, il doit avoir éprouvé une satisfaction bien vive, lorsque l’empereur le conduisit en triomphe dans les rues, et le plaça respectueusement lui-même sur le trône archiépiscopal de la cathédrale de Constantinople.

  1. Socrate (l. V, c. 7) et Sozomène (l. VII, c. 5) rapportent la conduite et les réponses évangéliques de Damophile sans daigner y ajouter un seul mot d’approbation. Il considérait, dit Socrate, qu’il est difficile de résister à la puissance ; mais il était facile et il lui aurait été profitable de s’y soumettre.