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de la mère et à l’éducation des filles de Maxime[1]. Un caractère si accompli excuserait presque l’extravagante supposition de l’orateur Pacatus, qui affirme avec enthousiasme, que si Brutus l’ancien revenait sur la terre, ce sévère républicain abjurerait aux pieds de Théodose la haine de la royauté, et avouerait ingénument qu’un tel prince est le plus fidèle soutien du bonheur et de la dignité du peuple romain[2].

Défauts de Théodose.

Cependant l’œil perçant du fondateur de la république aurait aperçu sans doute deux défauts essentiels et capables de détruire son goût récent pour le despotisme. L’indolence de Théodose affaiblissait souvent l’activité[3] de ses vertus, et il se livrait quelquefois à l’impétuosité de sa colère[4]. Dans la pour-

  1. Saint Ambroise, l. II, epist. 40, p. 955. Pacatus, faute de courage ou d’intelligence, néglige cette circonstance glorieuse.
  2. Pacatus, in Panegyr. vet., XII, 20.
  3. Zosime, l. IV, p. 271, 272. Son témoignage porte, dans cette occasion, l’empreinte de la candeur et de la vérité. Il observe cette alternative d’indolence et d’activité, non pas comme un vice, mais comme une singularité du caractère de Théodose.
  4. Victor avoue et excuse cette disposition à la colère. Sed habex, dit saint Ambroise à son souverain, en termes fermes et respectueux, naturæ impetum, quem si quis lenire velit, citò vertes ad misericordiam : se quis stimulet, in magis exsuscitas, ut cum revocare vix possis (t. II, epist., l. I, p. 998). Théodose (Claud., in IV cons. Honor., 266, etc.) exhorte son fils à modérer son penchant à la colère.