Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/33

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dessous de son entreprise. Le fils d’Hormisdas[1], jeune prince plein de valeur et d’habileté consentit à se déclarer contre le souverain légitime de l’Orient, et l’usurpateur le revêtit sur-le-champ des pouvoirs extraordinaires accordés aux anciens proconsuls romains. Faustine, veuve de l’empereur Constance, épousa Procope, et lui confia sa personne et celle de sa fille : cette auguste alliance illustra le parti des rebelles, et le rendit plus respectable aux yeux du peuple. La princesse Constantia, âgée d’environ cinq ans, suivait dans une litière la marche de l’armée ; son père adoptif parcourait les rangs en la portant dans ses bras, et à sa vue les soldats attendris sentaient redoubler leur fureur guerrière[2]. Ils se retraçaient la gloire de la maison de Constantin, et juraient de défendre jusqu’à la dernière goutte de leur sang le tendre rejeton de cette race royale[3].

  1. Hormisdæ maturo juveni, Hormisdæ regalis illius filio, potestatem proconsulis detulit ; et civilia, more veterum, et bella, recturo. (Ammien, XXVI, 8.) Le prince de Perse s’en tira honorablement, et fut rétabli (A. D. 380) dans le même office de proconsul de la Bithynie. (Tillemont, Histoire des empereurs, t. V, p. 204.) J’ignore si la race de Sassan se perpétua. Je trouve (A. D. 514) un pape du nom d’Hormisdas ; mais il était né à Frusino, en Italie. (Pagi, Brev. pontific., t. I, p. 247.)
  2. La jeune rebelle fut ensuite mariée à l’empereur Gratien ; mais elle mourut peu de temps après, sans laisser d’enfans. Voyez Ducange, Fam. byzant., p. 48-59.
  3. Sequimini culminis summi prosapiam, dit Procope,