Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/346

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le collége des pontifes jouissaient d’un rang d’autant plus distingué, qu’ils étaient censés les compagnons du souverain ; et les empereurs chrétiens daignaient encore accepter la robe de pontife suprême et les ornemens attachés à cette dignité ; mais lorsque Gratien monta sur le trône, ce prince, plus scrupuleux ou plus éclairé, rejeta sévèrement ces profanes symboles[1], appliqua les revenus des prêtres et des vestales au service de l’état ou de l’Église, abolit leurs honneurs et leurs priviléges, et détruisit tout l’édifice de la superstition romaine, consacrée par l’opinion et les habitudes de onze siècles. Le paganisme était encore la religion constitutionnelle du sénat : la statue et l’autel de la Victoire ornaient encore le temple dans lequel il s’assemblait[2]. On y voyait cette déesse sous la forme d’une femme majestueuse, placée debout sur un globe, vêtue d’une robe flottante, les ailes déployées, le bras tendu, et tenant à la main une couronne de lauriers[3]. Les

    d’augure est l’objet de son ambition. Pline fait gloire de suivre les traces de Cicéron (l. IV, epist. 8) ; et l’histoire et les marbres pourraient continuer la chaîne de la tradition.

  1. Zosime, l. IV, p. 249, 250. J’ai supprimé le jeu de mots ridicule sur Pontifex et Maximus.
  2. Cette statue fut transportée de Tarente à Rome, placée par César dans la Curia Julia, et décorée par Auguste des dépouilles de l’Égypte.
  3. Prudence (l. II, in initio) a fait un étrange portrait de la Victoire ; mais le lecteur curieux sera plus satisfait des Antiquités de Montfaucon, t. 1, p. 341.