Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/348

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profanes mais légaux de la majorité païenne. Le fanatisme ranima pour un instant, dans cette compagnie, les dernières étincelles de la liberté mourante. Elle vota et fit successivement partir pour la cour impériale[1] quatre députations respectables, chargées de représenter les griefs des prêtres et du sénat, et de solliciter la restauration de l’autel de la Victoire. Symmaque, sénateur riche et éloquent, fut chargé de cette commission importante[2]. Il réunissait aux caractères sacrés de pontife et d’augure, les dignités civiles de proconsul d’Afrique et de préfet de Rome. Symmaque était enflammé du zèle le plus ardent pour la cause du paganisme expirant, et ses pieux adversaires déploraient l’usage qu’il faisait de son génie et l’inutilité de ses vertus morales[3]. L’orateur, dont la requête à Valentinien existe en-

  1. La première (A. D. 382) à Gratien, qui refusa l’audience ; la seconde (A. D. 384) à Valentinien, au moment de la dispute entre Symmaque et saint Ambroise ; la troisième (A. D. 388) à Théodose ; et la quatrième (A. D. 392) à Valentinien. Lardner (Témoignages des Païens, vol. IV, p. 372-379) rapporte clairement toute cette affaire.
  2. Symmaque, qui était revêtu de tous les honneurs civils et sacerdotaux, représentait l’empereur comme pontifex Max. et comme princeps senatûs. Voyez ses titres orgueilleusement étalés à la tête de ses ouvrages.
  3. Comme si, dit Prudence (in Symmaq. I, 639), on devait fouiller dans la boue avec un instrument d’or et d’ivoire. Les saints, et même les saints qui entrèrent dans cette querelle, traitent cet adversaire avec politesse et avec respect.