Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/387

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quaient le nom et l’assistance de saint Étienne ou de saint Martin[1]. Les fidèles fondaient leur confiance sur la persuasion que les saints qui régnaient avec le Christ s’intéressaient vivement à la prospérité de l’Église catholique, qu’ils jetaient sur la terre des regards de compassion, et qu’ils honoraient principalement de leurs faveurs ceux qui les imitaient dans leur foi et dans leur piété. La bienveillance des martyrs daignait quelquefois admettre des motifs d’un genre moins relevé : ils avaient une affection particulière pour le lieu de leur naissance et pour celui qu’ils avaient habité, pour celui de leur mort et de leur enterrement, et enfin pour l’endroit qui possédait leurs saintes reliques. Les passions plus basses, telles que l’orgueil, l’avarice ou la vengeance devraient paraître au-dessous d’un esprit céleste ; cependant les saints daignaient aussi témoigner leur approbation à ceux qui leur offraient des dons avec libéralité, et menaçaient des châtimens les plus sévères les impies qui dérobaient quelque ornement

  1. Vigilantius plaçait les âmes des prophètes et des martyrs dans le sein d’Abraham, in loco refrigerii, ou sous l’autel de Dieu. Nec posse suis tumulis, et ubi voluerunt, adesse præsentes. Mais saint Jérôme (t. II, p. 122) réfute sévèrement ce blasphème. Tu Deo leges pones ? Tu apostolis vincula injicies, ut usque ad diem judicii teneantur custodiâ, nec sint cum Domino suo ; de quibus scriptum est : Sequuntur agnum quocumque vadit. Si agnus ubique, ergo, et hi, qui cum agno sunt, ubique esse credendi sunt. Et cùm diabolus et demones toto vagentur in orbe, etc.