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plus de la moitié des habitans se trouvaient prisonniers ou fugitifs[1].

Cruauté de Valens et de Valentinien. A. D. 364-375.

Lorsque Tacite décrit la mort des citoyens illustres et innocens que les premiers Césars sacrifièrent à leur vengeance, l’éloquence de l’historien ou le mérite des victimes nous font éprouver vivement les sentimens de la pitié, de la terreur et de l’admiration. Ammien, écrivain sans goût et sans délicatesse, a dessiné ses tableaux sanglans avec une exactitude fastidieuse et rebutante ; et notre attention n’étant plus soutenue par le contraste de la servitude et de la liberté, de la grandeur récente et de la misère du moment, nous détournerons les yeux avec horreur de la multitude d’exécutions qui déshonorèrent à Rome et à Antioche les règnes des deux empereurs[2]. Valens était très-timide[3], et Valentinien empor-

  1. Ammien (XXVIII, 1 ; XXIX, 1, 2) et Zosime (l. IV, p. 216-218) décrivent et exagèrent probablement la cruelle persécution de Rome et d’Antioche. On accusa de magie le philosophe Maxime avec une apparence de justice. (Eunape, in vit. Sophist., p. 88, 89) ; et le jeune Chrysostôme se crut perdu pour avoir trouvé par hasard un de ces livres proscrits. (Tillemont, Hist. des empereurs, t. V, p. 340.)
  2. Consultez les six derniers livres d’Ammien, et plus particulièrement les portraits des deux frères (XXX, 8, 9 ; XXXI, 14). Tillemont a recueilli, dans tous les écrivains de l’antiquité, ce qui s’est dit de leurs vertus et de leurs vices (t. V, p. 12-18, 127-133).
  3. Victor le jeune assure qu’il était valdè timidus. Cependant à la tête des armées il se comporta comme presque tout