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encore que dans sa quatorzième année. Serène, mère de son épouse, parvint, par adresse ou par persuasion, à différer la consommation du mariage. Marie mourut vierge dix ans après ses noces ; et la froideur ou la faiblesse de la constitution de l’empereur, contribua sans doute à conserver sa chasteté[1]. Ses sujets, qui étudiaient soigneusement le caractère de leur jeune souverain, découvrirent qu’Honorius sans passions était par conséquent sans talens, et que sa disposition faible et languissante le rendait également incapable de remplir les devoirs de son rang et de jouir des plaisirs de son âge. Dans les premières années de sa jeunesse, il avait acquis quelque adresse dans les exercices de l’arc et du cheval ; mais il renonça bientôt à ces fatigantes occupations. Le soin et la nourriture d’une basse-cour devint la principale affaire du monarque de l’Occident[2], qui remit dans les mains fermes et habiles de Stilichon les rênes de son gouvernement. L’expérience fournie par l’histoire de sa vie, autorise à soupçonner que ce prince, né sous la pourpre, reçut une plus mauvaise éducation que le dernier paysan de ses états ; et que son ambitieux ministre le laissa parvenir à l’âge viril sans essayer d’exciter son courage ou d’éclairer son jugement[3]. Les prédéces-

  1. Voyez Zosime, l. V, p. 333.
  2. Procope, De bell Goth., l. I, c. 2. J’ai peint la conduite générale d’Honorius, sans adopter le conte singulier et très peu probable que fait l’historien grec.
  3. Les leçons de Théodose, ou plutôt de Claudien (IV