Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/441

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et du port du Pirée. La même impatience l’engagea à s’épargner, en offrant une capitulation, les longueurs et les dangers d’un siége ; et dès que les Athéniens entendirent la voix de son héraut, ils consentirent à livrer la plus grande partie de leurs richesses, pour racheter la ville de Minerve et ses habitans. Le traité fut ratifié par des sermens solennels, et observé réciproquement avec fidélité. Le prince des Goths entra dans la ville, accompagné d’un petit nombre de troupes choisies. Il y prit le rafraîchissement du bain, accepta un repas magnifique chez le magistrat, et affecta de montrer qu’il n’était point étranger aux usages des nations civilisées[1] ; mais tout le territoire de l’Attique, depuis le promontoire de Sunium jusqu’à la ville de Mégare, fut la proie des flammes et de la destruction ; et, si nous pouvons nous servir de la comparaison d’un philosophe contemporain, Athènes elle-même ressemblait à la peau vide et sanglante d’une victime offerte en sacrifice. La distance de Mégare à Corinthe n’excédait guère trente milles ; mais la mauvaise route, dénomination expressive qu’elle porte encore chez les Grecs,

  1. Pour me conformer à saint Jérôme et à Claudien, j’ai changé un peu le récit de Zosime, qui cherche à adoucir les calamités de la Grèce.

    Nec fera Cecropias traxissent vincula matres.

    Synèse (epist. 156, p. 272, édit. de Pétau) observe qu’Athènes, dont il impute les malheurs à l’avarice du proconsul, était plus fameuse alors par son commerce de miel que par ses écoles de philosophie.