Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/455

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Chaque instant donnait naissance à des contes absurdes et horribles, à d’étranges récits d’armemens tenant du prodige : les païens déploraient qu’on eût négligé les augures et supprimé les sacrifices ; mais les chrétiens mettaient leur espoir dans la puissante intercession des saints et des martyrs[1].

L’empereur ne se distinguait pas moins de ses sujets par l’excès de sa frayeur que par la supériorité de son rang. Élevé dans l’orgueil et le faste de la royauté, il avait toujours été loin de soupçonner qu’un mortel fut assez audacieux pour troubler le repos du successeur d’Auguste. [Honorius abandonne Milan. A. D. 403.]Ses flatteurs lui dissimulèrent le danger jusqu’au moment où Alaric approcha du palais de Milan ; mais lorsque le bruit de la guerre parvint aux oreilles du jeune monarque, au lieu de courir aux armes avec le courage ou du moins l’impétuosité de son âge, il montra le plus grand empressement à suivre l’avis des courtisans timides qui lui proposaient de se retirer avec ses fidèles serviteurs dans une des villes du fond de la Gaule. Stilichon[2] eut seul le courage et l’autorité

    prolixe ; mais la terreur et la superstition occupaient une place considérable dans l’imagination des Italiens.

  1. D’après le passage de S. Paulin, produit par Baronius (Annal. eccl., A. D. 403, no 51), il paraît évident que l’alarme s’était répandue dans toute l’Italie, jusqu’à Nole en Campagnie, où ce célèbre pénitent avait fixé sa résidence.
  2. Solus erat Stilichon, etc. Tel est l’éloge exclusif qu’en fait Claudien, sans daigner excepter l’empereur. De bell.