Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/498

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Le seul obstacle qu’éprouva son autorité ne vint ni de la force du gouvernement, ni du courage des peuples, mais du zèle et de l’intérêt personnel de la famille de Théodose[1]. Quatre frères, parens de l’empereur défunt, avaient obtenu, par sa faveur, un rang honorable et d’amples possessions dans leur pays natal ; et cette jeunesse reconnaissante était déterminée à employer ses bienfaits au service de son fils. Après des efforts inutiles pour repousser l’usurpateur avec le secours des troupes stationnées en Lusitanie, ils se retirèrent dans leurs domaines, où ils levèrent et armèrent à leurs dépens un corps considérable de paysans et d’esclaves, avec lesquels ils s’emparèrent hardiment des passages et des postes fortifiés des Pyrénées. Le souverain de la Gaule et de la Bretagne, alarmé de cette révolte, soudoya une armée de Barbares auxiliaires pour achever la conquête de l’Espagne. On les distinguait par la dénomination d’Honoriens, qui semblait devoir leur rappeler la fidélité due au souverain légitime[2] ;

  1. Verinianus, Didyme, Théodose et Lagodius, qui dans nos cours modernes seraient décorés du titre de princes du sang, n’étaient distingués ni par le rang ni par les priviléges au-dessus de leurs concitoyens.
  2. Ces Honoriani ou Honoriaci consistaient en deux bandes d’Écossais ou Attacotti, deux de Mores, deux de Marcomans, les Victores, les Ascarii et les Gallicani. (Notit. imperii, sect. 38, édit. Lab.) Ils faisaient partie des cinquante-cinq Auxilia Palatina, et sont proprement dénommés εν τα αυλη ταξεις par Zosime (l. VI, p. 374).