Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/507

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trant Justinien, célèbre avocat de Rome et confident du ministre, pressa son protecteur d’empêcher un voyage si dangereux pour sa gloire et pour sa sûreté ; mais les inutiles efforts de Stilichon ne servirent qu’à confirmer le triomphe d’Olympius, et le prudent jurisconsulte abandonna son patron, dont la ruine lui paraissait inévitable.

Disgrâce et mort de Stilichon. A. D. 408, 23 août.

Dans le passage de l’empereur à Bologne, Stilichon apaisa une sédition des gardes, que sa politique l’avait engagé à exciter sourdement. Il annonça aux soldats la sentence qui les condamnait à être décimés, et se fit un mérite vis-à-vis deux d’en avoir obtenu la révocation. Lorsque ce tumulte eut cessé, Honorius embrassa pour la dernière fois le ministre, qu’il ne considérait plus que comme un tyran, et poursuivit sa route vers Pavie, où il fut reçu aux acclamations de toutes les troupes rassemblées pour secourir la Gaule. Le quatrième jour, le monarque prononça, en présence des soldats, une harangue militaire, composée par Olympius, qui, par ses charitables visites et ses discours artificieux, avait dû les engager dans une odieuse et sanglante conspiration. Au premier signal, ils massacrèrent les amis de Stilichon, les officiers les plus distingués de l’empire, les deux préfets du prétoire de l’Italie et de la Gaule, deux maîtres généraux de la cavalerie et de l’infanterie, le maître des offices, le questeur, le trésorier et le comte des domestiques. Un grand nombre de citoyens perdirent la vie, beaucoup de maisons furent pillées, et le tumulte dura jusqu’à la